La méthanisation est étroitement liée à la quantité de nourriture ingérée et aux propriétés chimiques et biologiques de celle-ci. On remarque que la méthanogénèse augmente avec un production d'acétate et de butyrate dans le rumen. Cela correspond à une alimentation riche en fourrage. A l'inverse, la méthanogénèse diminue avec une production de propionate dans le rumen. C'est à dire, lorsque l'alimentation de la vache est riche en amidon. Ainsi, modifier l'alimentation de la vache peut aider à réduire considérablement la quantité de méthane émise.
Source: VETAGROSUP-CH4-2016_3h00.pdf (Cours de Cécile Martin)
Cependant, manger des rations riches en concentré présente quelques inconvénients:
Si l'on nourrit une vache seulement à base de concentré, elle meurt en deux jours. En effet, manger trop de concentré entraîne des crises d'acidose, ce qui tue la vache. En dessous du seuil de 50% de concentrés dans son alimentation, la vache peut vivre.
Les crises d'acidose peuvent être soignées si l'éleveur appelle rapidement un vétérinaire, ce qui ajoute des frais.
Pour obtenir des concentrés, l'éleveur doit les acheter. Les coûts d'achat sont très élevés, donc bien souvent, l'éleveur n'a pas les moyens d'acheter des concentrés en quantité suffisante pour avoir un impact sur les émissions de méthane.
Mettre en application cette proposition n'est donc pas bien évident, mais, dans l'idée qu'un éleveur le fasse, un autre problème apparaît : bien que le bilan méthane baisse, le bilan carbone augmente de beaucoup. En effet, la vache ne consommera plus d'herbe, qui, grâce à la photosynthèse, transforme le dioxyde de carbone en dioxygène : elle n'aura donc plus de rôle dans le cycle du carbone. De plus, la culture de concentrés implique des émissions de carbone, tant pour les engrais utilisés que pour le transport, et consomme également beaucoup d'eau.
La solution de nourrir les bovins avec des concentrés n'est donc pas très intéressante ni durable des points de vue économique et environnemental, et met en danger la santé de la vache.
Source: VETAGROSUP-CH4-2016_3h00.pdf (Cours de Cécile Martin)
Cependant, comme pour les concentrés, le lin et le nitrate ont également des aspects un peu moins attractifs:
Le lin coûte très cher, donc peu d'éleveurs peuvent se permettre d'acheter une petite quantité de graines ou d'huile de lin pour chaque vache. De plus, le lin est souvent cultivé en Amérique du Sud, au Brésil spécialement, ce qui augmente le bilan carbone de cette production.
Le nitrate est très dangereux pour la santé de la vache : il est même interdit dans l'Union Européenne d'en donner à manger aux animaux, car c'est un engrais chimique, qui est très toxique. Il est tellement toxique que si une vache en mange pendant sa période de gestation, le fœtus ne peut vivre et la vache fait une fausse couche.
Cette solution n'est donc pas réalisable pour le nitrate, et ne respecte pas les trois piliers de la durabilité dans le cas du lin.
De plus, on peut voir sur le graphique ci-dessous que la consommation de lin et de nitrate entraîne une diminution de production de lait.
Source: VETAGROSUP-CH4-2016_3h00.pdf (Cours de Cécile Martin)
En effet, lorsque la vache mange du lin et du nitrate, elle émet du méthane en moins chaque jour mais sa production de lait diminue également de 2,5 kg par jour.
Dans les deux premiers graphiques, les émissions de méthane étaient calculées par rapport au kg de matière sèche ingérée (MSI) par la vache. Si l'on change cette unité en méthane émis par litre de lait produit, les résultats ne sont pas les mêmes. Une vache utilise une partie de ses matières sèches ingérées (MSI) pour faire fonctionner son métabolisme de base. Elle émet alors du méthane pour une production de lait nulle. Plus la vache produit de lait le reste de la journée, plus la part de méthane émise pour faire fonctionner son métabolisme diminuera au litre de lait. C'est pour cela qu'il vaut mieux avoir une vache très productive, que deux vaches peu productives (dans le premier cas, des émissions de méthane qui ne sont pas utiles à la production de lait sont émises une seule fois, dans le second cas deux fois). Cette deuxième solution baisse la quantité de méthane émise, mais baisse aussi la quantité de lait produite. Ainsi pour produire la même quantité de lait qu'auparavant il faudra davantage de vaches.